- obscène
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• 1534; lat. obscenus « de mauvais augure »♦ Qui blesse la délicatesse par des représentations ou des manifestations grossières de la sexualité. « Les livres les plus monstrueusement obscènes » (Hugo). ⇒ licencieux, pornographique. « Des filles de joie tenaient les propos les plus obscènes » (Chateaubriand). ⇒ graveleux, grivois, grossier, inconvenant, ordurier, salace. Geste, spectacle, photo, graffiti obscène. ⇒ cochon, impudique, indécent. Instruments, objets obscènes.♢ Par ext. Fam. Il a encore gagné, c'est obscène. ⇒ dégoûtant, indécent.⊗ CONTR. Décent, pudique.Synonymes :- dégoûtant- déshonnête- gras- indécent- ordurierContraires :- chaste- correct- décent- honnête- moral- prude- pudique- purobscèneadj. Qui offense la pudeur. Propos obscènes.⇒OBSCÈNE, adj.A. —Qui offense ouvertement la pudeur dans le domaine de la sexualité. Synon. fam. cochon, dégoûtant, dégueulasse (vulg.), graveleux, sale. La pierreuse qui attire, par des gestes obscènes, un passant (A. FRANCE, Révolte anges, 1917, p.266). Un (...) champignon (...) obscène, que nos savants ont catalogué: le phallus nauséeux, vu sa forme, sa couleur congestionnée et sa mauvaise odeur (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p.229). V. amour ex. 203:• 1. ... une conférence sur Daphnis et Chloé, où il [Francisque Sarcey] aurait dit: «Alors, Daphnis baisa Chloé», en disant comme appendice à sa phrase: «Mesdemoiselles, je dois vous prévenir que dans ce temps, baiser n'avait pas le sens obscène qu'on lui prête aujourd'hui».GONCOURT, Journal, 1890, p.1279.SYNT. Chanson, couplet, dessin, film, graffiti, gravure, idée, image, livre, plaisanterie, photographie obscène; propositions obscènes.Rem. Dans la lang. contemp. on emploie plus volontiers pornographique en parlant d'un écrit, d'une photographie, d'un film.— [En parlant d'une pers.] Qui aime offenser ouvertement la pudeur dans le domaine de la sexualité. Je ne voyais en elle que la prostituée, masseuse obscène, lutteuse immonde; la puanteur de sa vie me piquait le nez (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.170):• 2. Il était tout naturel que le «pornographe» Léon Daudet fut trouvé mort (...) dans le sous-sol d'un libraire obscène, où il était venu se livrer à Dieu sait quelles abominables débauches.L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p.181.♦[En parlant d'une partie du corps] Qui appartient à une telle personne. Synon. lubrique. Une espèce de grand gaillard, (...) ses lèvres goulues, ses petits yeux obscènes, (...) ce qu'il doit en dire des saletés et en trousser des jupons! (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.62). Ce ne sera pas à leurs lèvres obscènes Que nous demanderons notre baiser de paix (PÉGUY, Ève, 1913, p.921).B. —Qui offense le bon goût, qui est choquant par son caractère inconvenant, son manque de pudeur, sa trivialité, sa crudité. Synon. cru, immoral, impudique, indécent, licencieux, ordurier, trivial. Le Cid est obscène et blesse les canons (HUGO, Marion Del., 1831, p.199). Un sanglot tout nu n'est pas beau: il offense. Un bon raisonnement offense aussi (...). Mais un raisonnement qui masque un sanglot (...) ôte aux pleurs ce qu'ils ont d'obscène (SARTRE, Litt., 1948, p.42):• 3. L'impôt moral décidé par la société sur toutes les transgressions frappe encore plus aujourd'hui la passion que le sexe. Tout le monde comprendra que X... ait «d'énormes problèmes» avec sa sexualité; mais personne ne s'intéressera à ceux que Y... peut avoir avec sa sentimentalité: l'amour est obscène en ceci précisément qu'il met le sentimental à la place du sexuel.R. BARTHES, Fragments d'un discours amoureux, Paris, éd. du Seuil, 1977, p.211.REM. Obscènement, adv. D'une manière obscène. Les mystiques bandelettes de la religion, seules rênes qui puissent arrêter la faiblesse humaine, sur la pente obscènement glissante de la sexualité (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.26).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: obscene; dep. 1740: -ène. Étymol. et Hist. 1534 «qui révolte la pudeur (paroles, livres)» (A. MILESIUS, Fantastiques batailles des grands rois Rodilardus et Croacus, l. I, chap.5, p.35); 1694 «en parlant d'une personne» (Ac.). Empr. au lat. obscenus «sinistre, de mauvais augure; indécent, obscène, sale, dégoûtant, immonde». Fréq. abs. littér.:407. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 289, b) 643; XXe s.: a) 989, b) 544.
obscène [ɔpsɛn] adj.ÉTYM. 1534; lat. obscenus, étymologiquement, « de mauvais présage ».❖♦ Qui offense ouvertement la pudeur; qui présente un caractère très choquant en exposant sans atténuation, avec cynisme, l'objet d'un interdit social, notamment sexuel. ⇒ Dégoûtant, dégueulasse (fam.), déshonnête, gras, graveleux, grivois, grossier, immonde, immoral, impudique, impur, inconvenant, indécent, licencieux (cit. 3), malpropre, ordurier, pornographique, sale. || Livres, publications obscènes (→ Avidement, cit. 4; dépravation, cit. 4). || Mots obscènes (→ Incohérent, cit. 2). || Paroles grasses (cit. 9), presque obscènes; propos obscènes (⇒ Obscénité). || Graffiti (cit. 1), images, photos obscènes (→ Exposition, cit. 2). || Propos indécents, licencieux sans être obscènes. || Geste obscène. || Pensées obscènes.1 (…) du moment qu'une chose est vraie, elle est bonne. Les livres obscènes ne sont même immoraux que parce qu'ils manquent de vérité. Ça ne se passe pas « comme ça » dans la vie.Flaubert, Correspondance, 1565, 6 févr. 1876.2 C'est toute une chevauchée d'idées obscènes qui me passe alors dans la cervelle !Huysmans, En route, I, V.3 Ce volume (…) contenait des passages d'une telle crudité que les autorités italiennes le firent saisir comme livre obscène; aussi est-il introuvable.Apollinaire, l'Hérésiarque…, p. 68.4 Quelquefois, sur un lit ouvert, Lalla trouve un magazine plein de photos obscènes, de femmes nues aux cuisses écartées, aux seins obèses gonflés comme d'énormes oranges (…)J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 273.♦ Par ext. Qui agit, parle d'une façon obscène. || Homme obscène et cynique. ⇒ Satyre.❖DÉR. Obscènement.
Encyclopédie Universelle. 2012.